Quel titre accrocheur...

Mon copain, qui étudie présentement à McGill en sciences politiques et histoire, a deux citoyenneté. La canadienne, gage international de respect; et l'américaine, gage international de méfiance.

Brève bio: David est né à Ottawa de parents hippies qui ont fait le tour du monde pendant 10 ans, avant de s'établir à NDG, puis Greenfield Park. Sa mère était des manifestations pacifistes de San Fransisco et Berkeley à la fin des années 60 (l'équivalent d'avoir vécu mai 68 pour un français ou toutes les St-Jean des années 70 pour un Québécois). Son père vient d'un petit village de l'Estrie et il travaille aujourd'hui pour Toyota.

David représente bien l'Amérique du Nord.

Plutôt progressiste, il s'intéresse à la montée du néo-conservatisme depuis Nixon et Reagan. Il croit que les État-Unis n'ont pas voté en fonction de la guerre, l'économie ou le terrorisme, mais en fonction de leurs valeurs. Des valeurs de droite, traditionnelles (à ce sujet, aller lire le texte sur www.fuckthesouth.com... fort amusant!) et ancrés dans le Sud depuis le mouvement des droits civiques. Il m'expliquait qu'avant, le Nord votait Républicain (remember Lincoln) et que le Sud votait Démocrate. C'est pourquoi Kennedy a gagné ses élections: il était un Démocrate du Nord (le Sud et quelques États du Nord lui revenaient donc automatiquement) et son colisiter, LB Johnson était un Démocrate texan. Années 60, début de la guerre du Vietnam, mouvement des droits civiques... David m'expliquait qu'en accordant des droits égaux aux minorités, il avait dit avoir perdu le Sud (la base du parti Démocrate) pour deux générations. Deux générations pluys tard, nous voilà avec un fou furieux ou un fou de la liberté, selon qu'on est un clown à la Michael Moore, ou un con à la 54 millions d'Américains.

La famille de David vit la mondialisation, l'éclatement planétaire (son famille compte des avocats californiens, un journaliste français, une pianiste qui vit à Québec et un oncle on-ne-peut-plus québécois à Granby), Thanksgiving, la St-Jean...

Comme les citoyens américains du Sud. Sauf que pur David, ce n'est pas Dieu qui a raison, mais la politique.

Aux dernières élections canadiennes, je m'étais surpris à souhaiter un gouvernement conservateur minoritaire, avec un majorité écrasante de bloquiste au Québec pour compenser. Non, on a eu droit à encore plus de Paul Martin. Plus de Paul Martin lié aux scandales et loin des préoccupations de ses électeurs. Je m'étais dit le 28 juin que le Canada avait besoin d'un parti progressiste national décentralisateur, mais économiquement responsable. Bush et Martin ne sont ni progressistes, ni décentralisateurs.

Ces deux élections sont passés et je suis toujours là à vivre mon quotidien en attendant un nouveau leader. Un leader pour l'Amérique du Nord, comme Lula est un leader pour l'Amériquer du Sud. Remarquez, je ne suis pas trop communiste, mais pas vraiment néo-libéral. Un peu cynique, peut-être...

David comprend bien l'Amérique du Nord, ou plutôt les États-Unis du Canada: il connaît peu la culture québécoise et reproche beaucoup aux électeurs du Sud. Mais David a grandit au Canada, le plus meilleur pays du monde. Et il a aussi voté pour l'espoir déçu de presque toute l'humanité.

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George W. Bush, au fond, c'est le Jean Chrétien des Américains.
Celui avec qui on veut jouer au bingo en ayant la chance de gagner.